mardi 17 novembre 2009

Québec et l'expression "Vieille capitale"

Ces jours-ci, la Ville de Québec est en proie à une petite controverse qui secoue une partie de l'Hôtel de Ville. L'administration nouvellement élue du maire Régis Labeaume a décidé de faire appel à Monsieur Clotaire Rapaille pour changer l'image de marque de Québec qui tourne beaucoup autour du Vieux-Québec, des murs de la Ville et de l'expression "Vieille capitale". Nous croyons qu'il est intéressant de bien définir d'où exactement vient cette expression.

Il faut remonter en 1857. Québec est alors en compétition avec les villes de Montréal, Kingston (Ontario) et Toronto (Ontario) pour le titre de capitale du Canada-Uni et donc de siège du gouvernement de cette colonie britannique en Amérique du Nord. Cependant, on lui préférera Ottawa pour devenir la future capitale du Canada-Uni, le 31 décembre 1857. Ce qui ne veut pas dire que le gouvernement ne reviendra pas siéger à Québec pour une brève période dans les années 1860. À cette époque, on ne siège plus au Parlement qui était alors l'ancien Palais épiscopal, situé en haut de la Côte de la Montagne, qui avait presque entièrement brûlé en 1854 et dont les pierres avaient été vendues pour créer le nouvel édifice de la Halle Champlain (2e photo).


Parliament Buildings, Quebec, Sarony and Major, vers 1850, Archives de la Ville de Québec. Source: Site Internet de la Ville de Québec



La halle du marché Champlain, (photographie), [vers 1900]. Archives de la Ville de Québec, collection André Hamel (N030902). Source: Site Internet de la ville de Québec



Comme ce choix laisse un goût amer dans la bouche de l'élite politique de la ville, on adoptera rapidement l'expression "Vieille capitale" pour bien représenter les espoirs déchus de cette élite et dans une moindre mesure d'une bonne partie de la population. Ottawa avait l'avantage d'être une petite bourgade peuplée de beaucoup de francophones, d'anglophones et d'Irlandais en plus d'avoir deux sources d'approvisionnement en eau (via Montréal et Kingston) et d'être à mi-chemin de Toronto et de Québec. Au retour du gouvernement à Québec, on construit un "parlement-bureau de poste" temporaire pour accueillir le gouvernement. On sait bien que ce passage n'est que temporaire.

L'expression était utilisée, certainement depuis les années 1960-70 et presque exclusivement par l'industrie touristique, comme le reflet du cachet unique. Ce cachet qui rappelle à tant de visiteurs que la ville reste une sorte de coin de "Vieille" Europe en Amérique. La "Vieille capitale" soulignait le caractère de Québec en tant que premier poste permanent français en Amérique et ancrait la ville dans son histoire. L'expression ne revêtait plus le caractère politique d'antan, ni la perspective défaitiste d'une certaine élite canadienne-française, mais un autre caractère, celui de Québec fortement touristique, tournée vers ses visiteurs et désireuse de les charmer par ce côté.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire