lundi 25 janvier 2010

Les éboulements majeurs à Québec, 1841 et 1889

Je ne voulais pas en parler la semaine dernière. Loin de mois l'idée de comparer ce qui se passe présentement en Haïti et ce qui a pu se passer dans le Québec du XIXe siècle. Cependant, force est d'admettre que c'est un désastre naturel et ses conséquences qui sont au devant de l'actualité depuis plus d'une semaine. La situation n'est pas terminée, loin de là. On amasse encore des sous.  Si vous pouvez, plusieurs vous ont déjà dit quoi faire et comment le faire. Par Histoire et Société, nous avons choisi de regarder dans le passé de le passé de la Vieille capitale. on se rend compte que la ville a vécu quelques tragédies humaines à grande échelle (épidémies, incendies, etc.), mais aussi quelques situations où les éléments se sont déchaînés contre elle. De ceux-ci, les éboulements du Cap-Diamant sont certainement parmi les plus marquants.


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Source: Cornelius Krieghoff, Québec vu de la Pointe-Lévy, "Collections: quelques oeuvres des origines à 1900", Musée National des Beaux-Arts du Québec, consulté le 25 janvier 2010.

Pluie, gel et dégel, vent, vibrations causées par des tremblements de terre et même des tirs de canon ont été tenus responsables des divers éboulements à Québec depuis le XVIIIe siècle. Bien entendu, la roche qui constitue le Cap-Diamant étant particulièrement friable, l'accumulation des causes potentielles de glissement ne pouvait que mener à certains événements. Essentiellement, il faut comprendre que des petits éboulements ont eu lieu à plusieurs reprises sur le Cap-Diamant endommageant des résidences ou des hangars situés au bas de la falaise. Mais je voulais parler brièvement des deux plus dramatiques, soit ceux du 17 mai 1841 et du 19 septembre 1889.

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Source: Cape Diamond and Part of the Lower Town of Quebec, vers 1790, Grosvenor Prints, consulté le 25 janvier 2010.

Lundi 17 mai 1841 : Le journal Le Canadien titre "Désastre affreux": "Entre onze et onze heures et demie ce matin une partie du cap, située devant les magasins du Roi [tout près de l'actuel édifice de la Société des traversiers sur le boulevard Champlain], d'une largeur d'environ deux arpents, s'est éboulée, avec un fracas épouvantable, emportant avec elle le mur des fortifications, sur les maisons qui bordaient la rue Champlain en cet endroit".(1) On dit qu'une forte pluie tombait au moment de la tragédie, probable cause de l'éboulement, mais aussi du nombre élevé de victimes (on parle au moins de 29 victimes dans les différentes éditions du journal) puisque les gens se trouvaient chez eux. Dans la semaine, les gens vivant à proximité de l'éboulement désertèrent leurs maisons qui furent immédiatement occupées par d'autres habitants de la ville à la recherche d'un toit. Des scènes de bagarres et de désordre furent aperçues entre les différents "occupants" et la Police dut intervenir. Cependant, comme le dit le journal: "C'était là se battre pour le privilège d'être écrasé quelqu'un de ces jours"(2).

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Source: William James Topley, Champlain Street after Landslide, 1889, Collections Canada, consulté le 25 janvier 2010.

Jeudi 19 septembre 1889:"Contrairement à beaucoup d'autres populations malheureuses du globe, nous avons l'inestimable bonheur d'habiter sous une latitude où les catastrophes résultant du déchaînement de la nature, telles par exemple que les cyclones, les tremblements de terre et les inondations n'arrivent jamais. En revanche nous avons eu des conflagrations désastreuses et répétées qui ont bien souvent réduit en cendres des faubourgs entiers de notre ville, et plusieurs éboulis dont les traces existent encore et qui firent plusieurs victimes sans compter les pertes matérielles qu'ils causèrent. De ce nombre est le grand éboulis qui anéantit un jour une partie des maisons de la petite rue Champlain [celui de 1841]." (3) Ainsi commence le difficile récit des événements du 19 septembre 1889.

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Source: Le Monde illustré, vol. 6 no 283. p. 180 (5 octobre 1889), BNQ-Revues anciennes, consulté en ligne, 25 janvier 2010.


Vers 19h15, après plusieurs jours de pluies diluviennes, une grande partie de la falaise s'écroule sur le secteur Cap-Blanc, plus à l'ouest de l'endroit où le roc était tombé en 1841. Les secours s'organisent rapidement, avec docteurs, policiers et membres du clergé qui accourent pour prêter assistance et réconfort aux sinistrés. Non seulement la terre leur est-elle tombée sur la tête, mais un incendie éclate également dans les décombres à cause des poêles et lampes. Les policiers furent mobilisés au complet grâce à un appel téléphonique et une centaine de soldats sont venus prêter main-forte aux efforts de secours. On a même retrouvé un homme vivant après plus de 4 jours sous les décombres. Au final, plus de 40 personnes sont décédées et les résidences abritant près d'une trentaine de familles, détruites mettant une importante partie du quartier à la rue.

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Source: Le Monde illustré, vol. 6 no 283. p. 180 (5 octobre 1889), BNQ-Revues anciennes, consulté en ligne, 25 janvier 2010.

Vous comprenez que rien n'est à l'échelle de ce qui se déroule actuellement en Haïti... Cela fait tout de même partie du passé de la ville de Québec et à marquer à sa façon l'imaginaire de certains citoyens et surtout de certains quartiers. Nous avons également ignoré certains éboulements de façon bien volontaires. Ce sont en réalité des dizaines d'incidents plus ou moins graves qui sont arrivés à la base de la falaise. Ceci n'était qu'un bref rappel...

Sources
1 - Journal Le Canadien, p. 1, 17 mai 1841. Édition en consultation en ligne, consulté le 25 janvier 2010.

2- Journal Le Canadien, p. 2, 24 mai 1841. Édition en consultation en ligne, consulté le 25 janvier 2010.

3- Journal Le Canadien, p. 3, 20 septembre 1889. Édition en consultation en ligne, consulté le 25 janvier 2010.

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