dimanche 7 mars 2010

En route vers la bataille de Sainte-Foy (2): l'hiver de l'armée française

L'année 2010 marquant le 250e anniversaire de la bataille de Sainte-Foy, nous avons voulu préparer une série d'articles sur les semaine et les mois qui ont mené à cet affrontement près de Québec, sur les Plaines d'Abraham. Comme nous avons, la semaine dernière, offert un premier article sur la situation des Britanniques à l'hiver 1759 et au printemps 1760, nous continuons cette semaine avec les Français., surtout l'armée française. Un article sur les Amérindiens et un autre sur les Canadiens et la milice suivront d'ici le 27 avril 2010, date à laquelle nous offrirons un article sur la bataille de Sainte-Foy du 28 avril 1760.

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Source: Louis-Joseph, marquis de Montcalm, image consultée en ligne, 2 mars 2010.

Tout commence avec la mort de Louis-Joseph, marquis de Montcalm et lieutenant-général des armées françaises (ci-haut), le 14 septembre au matin. Québec perd alors son principal officier militaire et le marquis de Vaudreuil (ci-bas), gouverneur de la Nouvelle-France quitte la région pour se rendre vers l'ouest et propose à Jean-Baptiste-Nicholas-Roch de Ramezay, alors en charge de la ville, de capituler si les provisions venaient à manquer plutôt que d'attendre que la ville soit attaquée. Ramezay convoque donc un conseil de guerre ou une large majorité des officiers et notables présents (13 sur 14) suggère la capitulation (à l'exception d'un dénommé Fiedmont, officier d'artillerie qui a tiré du canon sur les Britanniques jusqu'à l'annonce de la reddition). Ramezay capitule donc le 18 septembre au matin, la ville étant diminuée et sans réelle garde pour assurer sa défense.

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Source: Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial, marquis de Vaudreuil, v.1753-55, Donat Nonotte, Bibliothèques et Archives Canada, consulté en ligne, 2 mars 2010.

Pendant ce temps, l'armée se replie sur Jacques-Cartier avant que François-Gaston de Lévis ne vienne prendre le commandement des troupes pour tenter une nouvelle attaque. C'est en route, le 19 septembre,  que Lévis sera averti de la capitulation par un certain capitaine Daubrespy du régiment de Béarn. La situation semble sombre, mieux vaut alors, pour l'état-major, de retraiter et de préparer une vraie contre-attaque, pendant que le 22 septembre, Ramezay (avec Fiedmont) et le reste de la garnison de Québec est embarqué vers l'Europe, selon les actes de reddition.

Soldat portant le drapeau régimentaire, Régiment de Béarn, vers 1757-1760
Source: artiste inconnu, Soldat portant le drapeau régimentaire, Régiment de Béarn, vers 1757-1760, consultation en ligne, 7 mars 2010.

Vaudreuil et l'intendant François Bigot quitte l'armée le 30 septembre pour se rendre à Montréal alors que Lévis tente de trouver la meilleure façon de passer l'hiver.  Il vérifie la possibilité de construire un fort sur la rive-sud, demande aux habitants de collaborer à apporter aux troupes bois et provisions et tentera de convaincre les Hurons de Lorette d'aider l'armée et la milice à harceler les Britanniques qui vont chercher du bois de chauffage près de leur village. Bien que la collaboration des gens, surtout éloignés de Québec, est assurée parce que l'armée française est encore très présente, les forts et tentatives de harcèlement seront laissées de côté par manque d'effectifs.

Des chefs hurons de Jeune-Lorette portent des costumes ressemblant à ceux des Français vers 1745
Source: Edward CHATFIELD, Des chefs hurons de Jeune-Lorette portent des costumes ressemblant à ceux des Français vers 1745, consultation en ligne, le 7 mars 2010.

Au début novembre, l'armée française s'organise en laissant des hommes près de Saint-Augustin (une avant-garde près du Lac), Pointe-aux-Trembles (200 à 300 hommes) et surtout au fort construit à Jacques-Cartier (jusqu'à 400 hommes) et Lévis retourne vers Montréal où il arrive le 14 novembre 1759. De la fin octobre jusqu'au début de l'hiver, les soldats seront envoyés à leurs quartiers d'hiver; ceux qui ne restent pas près de Québec tel que mentionné plus tôt se rendront près de Montréal. Plus tard dans le mois, vers le 25 novembre 1759, les Français vont réussir à faire passer des bateaux devant Québec et vers l'Europe pour demander les renforts. C'est Louis-Antoine de Bougainville (ci-bas) qui doit accomplir cette délicate mission.

Portrait of Louis Antoine de Bougainville
Source: François SÉRAPHIN, Portrait de Louis-Antoine de Bougainville, tiré de la collection de la National Library of Australia, consultation en ligne, 7 mars 2010.

La fin de l'hiver donnera lieu à différentes préparations pour reprendre Québec avant la fin de l'année, mais la température, les ressources et la fatigue des troupes régulières et de milice vont anéantir ces espoirs. Pourtant, les Français ne souffriront pas autant de l'hiver que les Britanniques: ils connaissent le territoire, la température, et ils ont la collaboration des paysans à tous les endroits où les Britanniques ne s'installent pas (ce qui veut dire partout à l'exception du territoire immédiat de la ville de Québec) qui vont faciliter le commerce et les approvisionnements. Ce n'est pas pour autant un hiver faste: plusieurs des terres près de Québec ont été brûlées etaucun réel renfort ne peut être envoyer de l'ouest. 

De janvier à avril, l'état-major français espérera une possibilité d'attaquer Québec. Pour ce faire, le déplacement le plus concret sera l'envoi sur la rive-sud, en février 1760, du capitaine Saint-Martin et d'un détachement de presque 400 soldats pour reprendre contrôle de la Pointe-Lévy, mais les Britanniques les en empêcheront. Bien que janvier ait été calme, mars a été vécu dans l'appréhension alors que des rumeurs tenaces disent que les Britanniques, qui ont attaqué l'avant poste du Lac Calvaire (Saint-Augustin), viendraient attaquer Pointe-aux-Trembles (Neuville) ou même Jacques-Cartier (Cap-Santé). Sinon, les préparatifs se poursuivront jusqu'à la fonte des glaces et au départ de l'armée de Montréal, à la suite de Lévis, vers les 20-21 avril 1760. L'armée française cheminera ensuite par terre à partir de Jacques-Cartier ou Pointe-aux-Trembles. Elle campera à Pointe-aux-Trembles le 25 avril 1760, à Saint-Augustin le 26 et à Sainte-Foy le 27 avril....

La bataille de Sainte-Foy est pour le lendemain...

Sources
CASGRAIN, abbé H. R. éd. Journal des campagnes du chevalier de Lévis en Canada de 1756-1760. Montréal, C.O. Beauchemin et Fils, 1889. 340 pages. Coll : Manuscrits du Maréchal de Lévis.

LA PAUSE, Plantavit de Margon, chevalier de. Rapport de l’Archiviste de la province de Québec. 1931/32 « Mémoire et observations sur mon voyage en Canada (1755-60) », tome 12, p.1-46; 1932/33 « Les “Mémoires” du Chevalier de La Pause », tome 13, p.305-391; 1933/34 « Les “Papiers” La Pause », tome 14, p.67-231.

MAURÈS DE MALARTIC (édité par comte Gabriel Maurès de Malartic). Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760.  Paris, Plon, 1890. 370 pages.

Voir également
MACLEOD, D. Peter. La vérité sur la bataille des Plaines d'Abraham. Montréal, Éditions de l'homme, 2008. pages 283-361.

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